Huis cendrés

” L’écriture est embrasure, créneaux entre les mots, embrasement de la phrase, conflagration dans la ponctuation ; et la peinture officie au chambranle du livre.
On égorge des chiens, on graisse des gonds, on épousaille, on baguenaude dans les venelles d’une fondation, on s’égare dans les lupanars de l’Histoire ; il y a comme un goût de brûlé.
Huis cendrés est rédigé en alexandrins. Huis cendrés est un animal à douze pattes qui dépose sa progéniture musicale au fil des pages et c’est par l’entrebâillement d’une porte qu’un gémissement, qu’une plainte, qu’un cri, qu’un chant se laissent entendre, reconnaître. Solange Clouvel dispose ses nichoirs lexicaux sur son linteau syntaxique de bois flotté.
Le Tibre s’écoule. Le poème est dans Rome.
Et d’un commun accord avec l’auteur, Thierry Le Saëc a installé son atelier dans la Ville, à la croisée de l’hémistiche et de la couleur. Tout à l’écoute de la fama, il peaufine son œuvre menuisière : poncer paumelle, vernir penture, teinter le bois de l’image, colorer l’aubier du dessin, lubrifier les charnières du voir. Graphite, collage, cire, huile, fusain pour coïncider, déplier, déployer, recouper, inclure.
Écrire, c’est faire mine de verrouiller. Peindre, c’est pousser une porte. Écrire-peindre, c’est dévisager l’étymon. ” Joël Frémiot 2024

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