Limnaïos est un petit livre sans queue ni tête mais bourré de trouvailles, qui plonge son lecteur dans une mythologie aussi réjouissante que déjantée. L’auteur nous guide – ou cherche-t-il à nous perdre ? – à la découverte d’un territoire où, comme les traits des dessins qui le jalonnent, les frontières entre créatures fantastiques et personnages ordinaires se brouillent et s’estompent.
Ce territoire semble pourtant bien composé de deux domaines distincts au départ : le Lac et les gens du Lac d’un côté, le village et les villageois de l’autre. Ensuite, il y a les visites, furtives, les rencontres, et puis La rencontre. Les points de vue se croisent, la narration passe des uns aux autres comme pour mieux appréhender le foisonnement des inventions, des constructions et des fabrications que ces croisements ont générées. Des inventions toutes plus insensées les unes que les autres et dans lesquelles les mots et les objets ont partie liée. Car le plaisir que nous procure ce livre tient non seulement à la fantaisie de son univers mais également à la manière dont Patrick Ducler fait usage du lexique en mêlant mots savants et mots familiers, néologismes, jeux de mots et citations, langage vulgaire et prose poétique.
Récit de rêve loufoque. Chronique absurde d’un monde sans couleur et sans saveur qui s’éveille à la création en tous genres. Mythe des origines, mais des origines de quoi ? Limnaïos est un livre-surprise que l’on ouvrira avec curiosité et que l’on refermera avec le sourire.
lire un extrait
l’auteur : Patrick Ducler
Tombé très jeune dans le chaudron des arts plastiques puis plus tard dans celui du numérique, Patrick Ducler, atteignant l’age canonique de la retraite, s’est lancé dans l’écriture sans trop savoir pourquoi ! Cette aventure récente le conduit inéluctablement sur les pas de ceux qu’ils adore : les surréalistes, les oulipistes et autres pourfendeurs de la réalité, les manipulateurs du langage, les observateurs curieux de la création et de la divagation… Il dessine, aussi. Son premier livre, Limnaïos, un assemblage de dessins et de courts textes, est ici, auto-édité chez Esdée, sur l’insistance de quelques proches. L’élan est pris, d’autres livres sont en préparation… conscient d’être bien loin du Goncourt et de l’Académie Française ! Il espère simplement que les lecteurs s’amusent autant que lui lorsqu’il a façonné ses “petits contes”.
elles et ils l’ont lu
Léa : J’ai adoré ce livre, je l’ai trouvé vraiment super ! J’ai bien voyagé ! Vivement la suite…
Michel : Les dessins sont très beaux, ils se regardent un peu comme des vitraux, et les textes bien alléchants. Les petits contes des Gens du lac sont rafraichissants.
Marie-Christine : Une très jolie fable. Foisonnante de personnages, tous plus malicieux et loufoques les uns que les autres. Grouillante de lieux, de situations, d’aliments et d’objets poétiques et improbables. Les illustrations et leurs couleurs reflètent cette profusion et leurs nuances.La vie auprès du lac semble terriblement douce. On aimerait bien en faire partie !
Corinne : Limnaïos est un essai ethnologique sur un peuple qui n’existe peut-être pas, les gens du Lac. Certains habitants y sont décrits, leurs relations avec leurs voisins, les villageois, sont relatés.
La langue est limpide, simple, avec parfois des termes évocateurs mais inconnus de nous. Le récit est accompagné de dessins des personnages à l’encre, à la gouache ou à l’aquarelle mais ce sont peut-être les dessins qui accompagnent le texte simple. Tout est mêlé, tout est tressé. Ce recueil est une invitation à la rêverie et à la poésie.
Annick : Le livre, pour commencer, bel objet. Format, matière, couleurs, typo, mise en page…parfait et bien en accord avec le contenu. J’ai eu plaisir à le manipuler et à l’ouvrir. Les illustrations me font toujours penser à Alechinsky. J’ai d’ailleurs ressorti un livre le concernant et je conserve cette même impression. Avant d’en commencer la lecture, l’auteur m’a conduite à me renseigner sur Gilbert Lascault jusque là inconnu pour moi. Il faudra que j’en découvre davantage, c’est tentant. Je me suis bien amusée.
Chaque description est pleine d’inattendus, les personnages sont insaisissables, ils sont tout et leur contraire. Les dessins sont comme eux, un aperçu interprétable à volonté. Les associations m’ont bien plu, comme le jus cœruleum aux crevettes, les galettes délicieuses qui n’ayant pas le temps d’être cuites sont coloriées… et bien d’autres.
Plein de poésie, de références, d’humour, de dérision, ça fait du bien en ces temps si compliqués. Je ne doute pas que l’auteur a eu du plaisir à l’écrire, en tous cas, j’ai eu un réel plaisir à le lire. Merci.